TEXTES

NOVOLAND

Vous souhaitez créer un monde nouveau ? Un « Novoland », une nouvelle terre promise ? Eh bien, n’ayez crainte : rien n’est plus facile ! Tout d’abord, désignez un élément visuel dans votre image. N’importe lequel : par exemple, une ordinaire fenêtre ou un simple individu. Puis dupliquez-le à loisir avec votre logiciel. Assemblez les modules ainsi clonés, disposez ces avatars dans l’espace… Vous obtiendrez un mur criblé de lucarnes formellement identiques, se dressant fièrement vers les cieux. Ou une foule de « réplicants » aux silhouettes désincarnées et rigoureusement similaires, prête à coloniser chaque parcelle de la planète… voire de la galaxie ! Enfin, modelez à votre convenance l’agrégat de matière ainsi produit, peaufinez la mise en scène esquissée, et vous aurez créé vos propres architectures modernistes, vos paysages futuristes et vos scénarios de science-fiction les plus extravagants, à l’instar des œuvres photographiques de Philippe Calandre et de François Ronsiaux.

Un réalisme fantastique

Or c’est certainement là que réside l’inépuisable force de création de l’art : dans sa capacité à faire acte d’imagination pour forger un monde nouveau – ou un nouveau degré de réalité. Tel un « démiurge » qui, depuis les écrits cosmogoniques de Platon dans le Timée, est pensé sur le modèle d’un artiste ou d’un artisan bâtissant l’univers selon ses propres lois, à partir d’un « élément premier » (appelé arkhè en Grec ancien), avec lequel il compose. Il est d’ailleurs assez frappant de constater que cet arkhè, qui donne dans notre langue le terme « archétype », désignerait tout aussi bien cette simple fenêtre démultipliée, formant les bâtiments brutalistes qu’érige Philippe Calandre comme des monolithes (Five Square), que ce clone angoissant muni d’une mallette, que François Ronsiaux duplique dans des panoramas flottants où tout semble mis en suspens (Sentinelle).

On parlerait volontiers de « réalisme fantastique » face aux étonnantes constructions urbanistiques de Modular Standing. Ou face aux situations fictives, peuplées de personnages mystérieux, que propose notamment Portail, comme si la clé du scénario nous échappait pour de bon. On oscille en effet entre flottement et mise en tension. On baigne dans une ambiance nébuleuse propice au doute, à la paranoïa et aux délires de la raison : qui a érigé ces monstres de béton ? Que se cache-t-il derrière les fenêtres de Suntec City grimpant jusqu’à l’infini ? Quel pouvoir autoritaire et anonyme écrase sous leur poids la société civile, comme le laisse présager cette série photographique ? Et comment vont se dénouer ces « arrêts sur image », que l’on scrute d’un œil dubitatif, et dont les protagonistes fantomatiques, moulés dans leur combinaison blanche de latex, se meuvent jusque dans des quartiers d’affaires aseptisés où se trament d’insidieux complots (La Défense, proposition) ?

Aux confins du silence

Mais s’il est une impression qui se dégage des images de Philippe Calandre et de François Ronsiaux, c’est bien cette « déshumanisation silencieuse » qui se cristallise d’une part dans des architectures « désastreuses » où les hommes, éphémères et insignifiantes créatures, se trouvent pris à leur propre piège, engloutis par ces géants de verre et de béton qu’ils ont enfantés… Et qui les accablent désormais de leur toute-puissance, tel un monument aux arêtes glaciales et angulaires, prêt à absorber toute force vitale émanant de la société. Une déshumanisation mutique qui trouve d’autre part son symbole dans ces tenues blanches immaculées et neutralisées, étendards d’une société ultra-sanitaire et protocolaire, hantée par l’idée de survivre à sa propre disparition, habillant çà et là un clone missionné d’une mallette au milieu d’inquiétants paysages futuristes et brumeux. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », pourrait-on dire en reprenant les mots du philosophe et mystique Blaise Pascal (Les Pensées, « Disproportion de l’homme »). Comme lui, on se sentirait ici égaré entre deux ordres de grandeur. A l’extérieur, l’immensité sans fin d’un univers en expansion, ou d’un monde de bitume aliénant. En nous, le pressentiment de la misérable « vanité » de notre condition.

Notre regard se trouve alors pris entre deux atmosphères, deux motifs antinomiques : mégapoles grises et nature vaporeuse, lignes de crêtes tranchantes des buildings (Floating Module) et voile de brume enveloppant le paysage de ses nuées (Blue Lake). Tout se montre trop éthéré et dissous, ou trop dur, lisse et cassant, pour que notre entendement puisse prendre prise face à ces « lieux » inconnus (topoi en Grec ancien), utopiques ou dystopiques, et démêle l’énigme qui les habite… Ces « Novoland », lieux de tous les possibles, apparaissent en cela comme les variantes d’une société de surveillance qui trouve son modèle le plus strict dans Singapour. Les éléments architecturaux de Suntec City déclinent d’ailleurs les constructions de Paul Rudolph datant des années 1980 dans la cité insulaire, tandis que l’œil omniscient de The Prisoner et la caméra d’Action in Paris surplombent tous deux nos existences fliquées – et ce, depuis la mise en place du « système Bertillon » par la préfecture de Paris à la fin du XIXe siècle.

Un océan dans une goutte d’eau

Dès lors, tout ne serait plus qu’une question d’ordre dans « Novoland » : mise en ordre de la ville et du bâti qui la quadrille, de la société et des individus qui la composent. Cet ordonnancement du monde semble reprendre à son compte les principes de la Monadologie du philosophe et savant, G. W. Leibniz. Soit une monade désignant une « substance première », ou l’unité minimale dont se compose chaque chose, dans le sillage de l’atomisme antique. A l’image d’une fenêtre de cimenterie que les architectures de Philippe Calandre répètent comme un motif, suivant la plus grande économie de moyens : les utopies qu’il dessine naissent de cet agrégat de pixels homogènes. Ou une monade qui, à la manière des « Guides » imaginés par François Ronsiaux (ces créatures de latex hermaphrodites, d’apparence identique, qui se reproduisent par dédoublement), se définit à la fois comme un être individué, et comme le simple maillon d’un ensemble plus large : ici, une communauté universelle préparant « un nouvel ordre mondial horizontal », dans la lignée des fantasmes autoritaires et des théories du complot.

Cette réduction du vivant à son degré le plus élémentaire laisserait craindre un appauvrissement des êtres et de l’univers, comme dans la « Novlang » de George Orwell qui rétrécit le panel de notre vocabulaire, et par là même uniformise notre expression et nos sentiments. Pourtant, écoutons une dernière fois les envolées visionnaires de Leibniz : « Chaque portion de la matière peut être conçue comme un jardin plein de plantes, et comme un étang plein de poissons. Mais chaque rameau de la plante, chaque membre de l’animal, chaque goutte de ses humeurs est encore un tel jardin ou un tel étang », décrit le philosophe, préfigurant les figures fractales de la mathématique, où chaque objet se pense sur le modèle des poupées russes. Toute chose apparaît en effet comme un ensemble de monades, elles-mêmes constituées d’une multitude d’autres monades plus réduites, ayant la même structure. Elles reflètent, tel un « miroir », l’individu qu’elles constituent, mais aussi l’entièreté de l’univers dans lequel celui-ci évolue : le plus petit préfigure le plus grand. Ainsi, si nous ne sommes qu’un grain de sable noyé dans le ciment des villes, les buildings irradiants qui en jaillissent reflètent à leur tour, de toute leur superbe, la composition élémentaire des granules dont ils sont faits. Oui, nous ne sommes qu’une gouttelette « indiscernable » dans l’océan enserrant ces îles-cités utopiques. Qu’une larme dont la mélancolie se réfléchit dans les nuages vaporisant une lointaine contrée, un jour gris de la vie, quelque part au fond de l’univers… Voilà pour la poésie… Et c’est déjà tant !

François Salmeron,

Critique d’art membre de l’AICA-France (Association Internationale des Critiques d’Art)
Enseignant à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et Paris 8 Saint-Denis, ainsi qu’à l’ESAD de Reims

A l’heure bleue d’une contre-utopie

Les œuvres qui se donnent l’ambition d’un projet sociétal globalisant ne sont pas si nombreuses, surtout lorsqu’elles s’appuient sur des présupposés scientifiques. François Ronsiaux qui s’attache à une vision monumentale de sites urbains, développe son projet United land depuis plusieurs années. Celui-ci a donné lieu à plusieurs interprétations dont celle des  projections nocturnes in situ de Paris Underwater réalisées dans le 20ème arrondissement de la Capitale pour la Nuit Blanche 2015. Mais sa version finale est un ensemble de photographies réalisées dans une dominante bleuâtre. Si la  lumière bleue est principalement émise par le soleil, elle l’est de plus en plus, en intérieur, par la multiplication des  sources lumineuses artificielles : éclairage halogène, LEDs, écrans d’ordinateurs et de smartphones. Ce choix esthétique a aussi le mérite de lier ces images à la question de la venue du  sommeil ou plutôt de son empêchement puisqu’il est prouvé que la lumière bleue « leurre le cerveau » en émettant les mêmes longueurs d’onde que le soleil durant la journée. Elle trouble ainsi  le rôle de la mélatonine, cette hormone naturelle produite en fin de journée et qui favorise l’endormissement. Symboliquement, l’annonce de cette heure bleue d’une humanité anesthésiée par ses technologies prépare le terrain d’un bouleversement des territoires de la vie.

On peut justement définir l’utopie en terme de « territoire imaginaire, parfaitement organisé où règne la concorde entre les habitants ; on sait que par extension, elle se constitue en modèle pour un projet révolutionnaire audacieux et idéal». Oscar Wilde affirmait son caractère primordial «Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas». Une des formes physiques souvent utilisées pour la matérialiser est l’île. On peut en voir le fondement dans l‘Utopie de Thomas More. Son île, difficile d’accès, est constituée de 54 villes fortifiées, rigoureusement identiques: « Qui connaît cette ville les connaît toutes, car toutes sont exactement semblables, autant que la nature du lieu le permet ». Ce caractère insulaire et sériel trouve un héritier dans les œuvres de Philippe Calandre, telles Isola Nova (2012) ainsi que dans les suites de ce projet architectural général.

L’artiste luxembourgeois Bert Theis  (1952-2016) a réalisé quant à lui en 2014 une série de photomontages de grands formats à partir de  vues aériennes des villes de Milan, Munich, Paris, Tirana et Turin où la nature envahit l’ensemble des espaces urbains pour en faire une sorte de « jungle urbaine ». Il en écrivait : « Proposées en contrepoint des processus de transformation urbaine et des opérations de spéculation immobilière qui les accompagnent, ces « agglovilles » entendent démontrer qu’une autre ville est possible, parce que son image est possible. ».

La preuve par l’image, son rôle démonstratif,  c’est aussi ce qui guide la production artistique de François Ronsiaux. Le propos général relève plutôt de la dystopie qui consiste à « projeter, à l’opposé de l’utopie, ce que craint l’auteur au lieu de ce qu’il souhaite ». Aujourd’hui, la dystopie est avant tout un genre littéraire, sous-domaine de la science-fiction qui inspire aussi des plasticiens établissant des projections dans un futur à partir d’un présent indésirable. « Toutes deux testent les limites de la réalité, l’utopie approche d’un idéal qu’elle atteint rarement – stoppée par le monde réel– et la dystopie rend visibles différents points de rupture et vulnérabilités » Michael D. GORDIN, Helen TILLEY et Gyan PRAKASH, in Utopia / Dystopia: conditions of historical possibility.

L’une comme l’autre envisagent  des solutions globalisantes. Ainsi on peut voir dans United land le double héritage de deux séries du groupe  florentin d’architectes radicaux réunis sous le label Superstudio. L’ambition générale ferait plutôt allégeance au Monument continu présenté par le groupe  en 1969  qui se voulait « un modèle architectural pour une urbanisation totale ». Ils en déclaraient « l’architecture  est un des rares moyens pour rendre visible l’ordre cosmique sur terre ». Cet ordre ou plutôt ce désordre cosmique Ronsiaux l’envisage comme la suite possible d’une apocalypse géomagnétique en référence à la théorie scientifique de l’inversion des pôles magnétiques de la planète. Le projet s’articule  autour de la « Survival Map», Carte de Survie représentant la planète terre avec un niveau des mers supérieur de plus de 300m. Du fait de la perte de contrôle de l’homme sur son environnement, l’eau devient vecteur nivelant la totalité de l’environnement humain; suite à une redoutée fonte globale des glaces. On peut voir l’antériorité du projet dans la série Sauvetage des centres historiques italiens créé en 1972 par Superstudio suite aux séismes et crues ayant dévasté Florence et Venise « L’homme ne possède désormais d’autre science que celle de sa propre destruction. La ville est aujourd’hui submergée par le fleuve de l’histoire désormais contaminé et transformé en une marée d’eaux usées. »

Nicolas Moulin a revendiqué l’influence des florentins ce qui permet de situer United land au sein d’une famille (restreinte) de créateurs, en lien à des ensembles comme VIDERPARIS  (2001) ou INTERLICHTENSTADT (2009) qui mettent aussi en scène des formes nouvelles de monuments. Ces artistes partagent la volonté de faire œuvre dans une logique traversant leurs différentes propositions sérielles. Les photomontages de François Ronsiaux se partagent entre deux univers colorés, si  la lumière bleue y est dominante ; certaines scènes sont marquées par une ambiance plus froide évoquant des situations glacières. En 2016 ses œuvres plus sculpturales des Ice Clock sont constituées d’un  « Groupe frigorifique, et d’impression 3d en acier inox et impression 3d sur époxy ». L’iceberg en suspension sous une cloche en verre fond en partie et se reconstitue cycliquement, inondant une partie d’un paysage artificiel soutenant la pièce.

Ces différents états d’inquiétudes écologiques quant aux territoires de survie humaine  amènent la création de ce que Michel Lussault appelle des Hyper-Lieux dans son essai sous-titré Les nouvelles géographies de la mondialisation (Seuil 2017). Il les relie à ces phénomènes notamment climatiques où les évènements font lieu, il constate à leur sujet : «Le Monde contemporain est de plus en plus marqué par l’importance prise par l’imagination spatiale de la catastrophe.» Parce que le terme dystopie qui matérialise ces psychoses collectives est peu familier à un large public, on peut  lui  préférer son synonyme de contre-utopie. United land tente une approche ironique de cette mondialisation avec la série des drapeaux customisés au bleu de la catastrophe des nouvelles nations unies.

Christian Gattinoni

Avec humour proche de l’infini.

Après deux décennies de fascination pour une stricte objectivité sur le monde, les photographes semblent avoir envie de rêver à nouveau.

Si la photographie a toujours accompagné la conquête de l’espace, son imperfection lors des premiers vols laissait chacun sur sa faim de détails tout en étant suspendu à la fascination de l’exploit.

Aujourd’hui les prouesses techniques sont beaucoup plus élaborées, les robots et autres vaisseaux incroyablement sophistiqués, mais c’est avec humour et poésie que les artistes et les photographes ont choisi de les traiter, tant il est difficile de croire à leur réalité.

On imagine de la part des scientifiques une envie de partager leurs outils extraordinairement complexes qui semblent prolonger des passions de jeunesse autant qu’ils ouvrent l’immensité de la création.

Les travaux réunis à l’occasion de cette exposition sont sur le fil de l’ambiguïté. Lesquels de ces personnages ne sont pas des jouets, aucun sans doute, lesquels de ces paysages ne sont pas des maquettes, pas plus.

Si l’on s’interroge sur la finalité de certaines situations, certains robots, certaines observations, il n’est qu’une réponse : la mise en scène de ces machines par des artistes sert à nous faire rêver, à nous rappeler que l’on peut se dépasser, à nous montrer qu’il n’y a pas que la guerre qui fait progresser les techniques, mais aussi la conquête de l’infini.

Ils sont loin les dessins irréels du Petit Prince de Saint Exupéry. La poésie et la réjouissante jubilation de la science, mise en valeur par des artistes de talent, constituent la matière d’une exposition exceptionnellement optimiste.

François Hébel
Directeur artistique
Mois de la Photo du Grand Paris 2017

Des artistes à la conquête de l’espace

Que ce soit Blaise Pascal qui écrit au XVIIe siècle : « Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout» ou Neil Armstrong qui déclare le 21 juillet 1969 en foulant le sol de la Lune : « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité», quand il est question d’univers, nos repères spatio-temporels ne sont plus les mêmes et les échelles changent. D’un seul coup, l’homme s’efface au profit de l’humanité, les kilomètres deviennent des années lumière et les voyages des odyssées.

Au-dessus de nos têtes : le ciel, les étoiles, les planètes, l’espace, l’infini… autant dire l’inconnu. Et comme tout ce qui est inexplorable et intouchable demeure mystérieux, les hommes se sont emparés de ce territoire particulier qu’est l’univers par le biais de l’observation, de la pensée ou du spirituel, dans d’incessants allers et retours entre réalité, imaginaire et fiction.

Cet attrait irrésistible qui s’exerce sur la plupart d’entre nous prend une envergure plus grande encore lorsque les artistes en font l’objet de leur travail. C’est cette fascination qui est à l’origine de Space Oddity, deux expositions conçues par François Ronsiaux qui empruntent leur nom à la chanson de David Bowie sortie quelques mois après que le premier homme ait marché sur la Lune. Si elles sont articulées en deux modules distincts, avec d’un côté des photographes et de l’autre des artistes plasticiens, cet ouvrage, lui, est une invitation à dépasser les frontières. Non seulement celles qui délimitent souvent les catégories -photographie, installation et vidéo, etc.- mais également celles qui séparent ordinairement le scientifique et l’imaginaire, le documentaire et le fictionnel.

Bienvenue dans Space Oddity qui, telle une encyclopédie moderne, est une invitation à la contemplation, à la réflexion et au rêve.

Sophie Bernard

FRANCOIS RONSIAUX. UNITED LAND
by Klaus Fruchtnis

«United Land is a global photography and visual arts project that explores the notion of territoriality and men’s psychoses when confronted with the possible disappearance of his vital space»

Tell us about your approach to photography. How it all started? What are your memories of your first shots?

Francois Ronsiaux (FR): I didn’t learn photography in school but like many people in this period, I began to play with black and white films on objects, land art and urban life. I say “play” because at that moment it was not my plan to pursue this in a professional way.

The first significant photographic experience was during my first trip to New York when I was twenty-three. That was where I discovered my passion for pictures. I was so excited because the architecture was very different than in Europe and I spent a long time experimenting with photography, day and night for two weeks. Two years after that, I had the opportunity to enter the artistic network of squats in Paris and set up my first exhibition. It was the beginning of my personal research and experiment on photography and art in general and I had the opportunity to meet a lot of artists and to get different viewpoints on art.

How would you describe your personal research in general? How did your research evolve with respect to those early days?

FR: My photographic research in this previous period was focused on photosensitive emulsion of objects I created and to find a way to transcend the limits of the medium. My small apartment was transformed in a temporary laboratory during this period.

At the same time I decided to create an art structure to organize projects, to mutualise each others’ knowledge and ideas while collaborating in projects; “L’entreprise” is born in year 2000 and was a dynamic association of 40 members from different countries.

An the same time, photography techniques were in a strong numeric revolution; now it was possible for photographers to learn and develop their knowledge by themselves and control every part of the medium. For me it was the beginning of profound questioning and the possibility of creativity during the process of creating a picture. With this experience, I’m actually sure to work not only with photography but use all media to construct my art projects.

Tell us about your project ‘United Land’ that was exhibited recently at the Le Cube? 

FR: ‘United Land’ project began in 2009, after 4 years of reflexion on the Indonesian Tsunami of 2004. ‘United Land’ is a global photography and visual arts project that explores the notion of territoriality and men’s psychoses when confronted with the possible disappearance of his vital space. The project is articulated around the «Survival Map», representing the planet earth with a sea level higher than 300m from the year 2012, date of creating the map. Every monument, building, natural element, exceeding a height of 300m is represented by a symbol and directs photographic mapping project.

‘United Land’ represents an instant of time where activity and movement are halted and human effort is subjected to contemplation thanks to utopic underwater landscapes that are definitively unaffected by outside influences with the exception of marine erosion. Symbolising men’s loss of control of the environment, water becomes a regulating vector replacing men’s habitat following a hypothetical ice thaw. Through this immersion the idea of belonging to a political and human territory loses all meaning and becomes an abstract. The different exposures taken all over the world are identifiable but in ‘United Land’ only the longitude/latitude co-ordinates are recognized – the photographs do not belong to any geopolitical identity.

What do you think about photography in the era of digital and social networking?  

FR: Is it actually again possible to speak only about photography? A large part of artist photographs are similar to reality traficants and use not only photography but the ensemble of informatic possibilities to squeeze out their artistic concepts. One of my last projects ‘Posture’ is based on the concept of the disembodiment of the image and the perception of reality in the time of mass media.

The project tries a pictorial approach exposing the intrinsic link between power and politics by calling the symbols of our near or distant fantasy. For a subtle mix of different periods of history, the project consists of a storage device of a global aphorism based on impressions, mental images or historical preconceptions. Disembodied images and decontextualized objects play the score of a modern era where bits of multiple information are not considered participating in the more or less fantasized global collective imagination. Some pictures of the project ‘Posture’ diverted from their contexts are from journalistic, photographic from the web and have a copyright; their reappropriation is assumed and justified by the concept of the project.

You are also the director of a place dedicated to contemporary art diffusion, creation and resources, Plateforme. Can you tell us more about it.  

FR: Plateforme is dedicated to contemporary art diffusion, creation and resource and works as a unifying and shared space, a place of exchanges between artists, curators and audiences.

Plateforme is run by the Parisian structure L’entreprise bringing together around fifty international artists and comes from a desire to create our personal concept of artistic place after our experience of artists squats. My personal point of view is that something is missing between creators, curators, galleries and the art market, the link is very difficult to develop and art is working on a linear approach. Plateforme tries to create a transversal way between them and expand the dialog between the different layers of art scene in a dynamic way.

Is there any contemporary artist or photographer, even if young and emerging, who influenced you in some way?  

FR: I’m very sensitive towards artists who work on fiction and science fiction. One of the best experience of global art was Matthew Barney with the Cremaster exhibition in museum of modern art in Paris. He is officially a celebrity but formally not very popular with the critics and art professionals. Maybe because he draws on very commercial and attractive subjects. But for me the most important thing is to feel a project is totally habited.

In the photographic domain, a lot of interesting projects exist, for the French ones I like the Space project of Vincent Fournier who makes an interesting mix of fiction, true documents and mise-en-scène. The second is Nicolas Moulin, who uses false archives and futuristic architectural phantasms in his projects to create artificial black and white paysages. The third can be Vincent Debanne who uses not only photography but also 3D to create phantasmagoric stories and fictions on different subjects.

Is there any show you’ve seen recently that you find inspiring?  

FR: For me one of the most interesting photographic exhibitions actually is Cinquième Corps of Noémie Goudal at Le Bal.

Three books of photography that you recommend?  

FR: An interesting point of view on Photography: Roland Barthes, Camera Lucida. Reflections on Photography. The book Hope of Ewin Olaf. Post-Photography: The Artist with a Camera, Robert Shore, by Laurence King Publishing.

Projects that you are working on now and plans for the future? 

FR: I work on a new installation of artificial icebergs under a glass dome, a mix between ice technology and 3D print; the first show of this project will be on Variation media art fair on the 17th of October 2016.

A new show of ‘United Land’ project will be on Sorbonne Art School in the second part of the year, and the actually Cube exhibition finishes on the 23th of July 2016.

One Artist Imagines What Our Urban World Would Like Look After The Next Ice Age

“Throughout the 21st century, man, with his never-ending drive to control his living environment, finds himself facing the possibility of a temporary existence,” writes French artist Francois Ronsiaux, “as well as the potentiality that life on Earth could end progressively or even abruptly.”

It’s a sobering concept, the thought that the ever-bustling life we know on Earth could end at any moment. Ronsiaux makes this particular future seem ever more real in his series “United Land.” The project turns photographs snapped around the world into stark imagery, manipulated with a perfect amount of paranoia and terror. Our urban spaces as we known them are rendered as submarine, part of an entire planet submerged in the aftereffects of an ice age.

For example, Ronsiaux takes an image of Times Square and filters it through a blue haze, degrading the familiar skyscrapers and billboards until they look like remnants of an apocalypse, left to rot below sea level. To create the scene, he uses a diaphragm correction filter that imitates shadows, captured with a long shot perspective that eliminates all movement — giving, as he explains in a project statement, the impression that the landscape is absent of inhabitants.

For the curious, the water shots used in these montages come from a database of images that Ronsiaux took on the Rangiroa atoll in French Polynesia, a popular destinations for scuba divers. The atoll is the largest in the world, but has been plagued by rising waters in recent years.

“Symbolizing man’s loss of control of the environment, water becomes a regulating vector replacing man’s habitat following a hypothetical ice thaw,” Ronsiaux continues. “Through this immersion the idea of belonging to a political and human territory loses all meaning. It becomes abstract.”

Though Ronsiaux vaguely references socio-economic and environmental deregulation as problems in our contemporary world, his photos aren’t a call to action. The thaw, without context, seems inevitable. If anything, the moral of his story is that our reality is fragile, and ultimately out of our control. Beyond his constructed photographs, Ronsiaux juxtaposes his end-of-times imagery with two installations — one, a “printed swatch” of national flags from around the world, reimagined in different shades of blue; the other, a set of five blank, blue flags that ominously hint at the dominance of water in a post-thaw realm.

Katherine Brooks

PRESSE